BIBLIOGRAPHIE« La naissance est tout. » La naissance est le commencement d’un grand voyage, les premières pages d’un immense récit. Celle de Tsukiyomi commença lorsque que Izanagi, le dieu qui créa la première Terre, Onogoro-shima, purifia ses péchés après avoir échapper au monde des morts, ainsi qu’aux griffes de sa femme morte et devenue enragée, Izanami.
Tsukiyomi naquit de l’œil droit de Izanagi.
« Le ciel est ta prison comme elle est ton royaume. » Le royaume de Izanagi fut donné en partage à ses trois enfants, ceux qui étaient les plus importants à ses yeux. Il offrit donc à Amaterasu son collier de perles, symbole de la souveraineté des Hautes Plaines Céleste. Il accorda à Susanoo la suprématie des Océans et les Tempêtes. Et finalement, il confia le Temps et la Lune à Tsukiyomi, son plus jeune fils.
Ce fut en montant une échelle céleste pour rejoindre sa famille que le jeune dieu quitta définitivement le monde des humains pour cette prison brumeuse.
Lorsque les portes Célestes du royaume de sa sœur se refermèrent derrière lui, Tsukiyomi se retourna pour regarder une dernière fois les humains qui le fascinaient temps… Puis, sa sœur lui tendit chaleureusement la main et il la rejoignit avec un sourire nostalgique sur les lèvres. La Terre lui manquait déjà…
« La nuit, même la Lune ne se refléterait pas dans le lac sans le Soleil. » Elle était devenue sa raison. Rien n’était plus précieux qu’elle, rien ne rayonnait plus majestueusement qu’elle. Il ne l’enviait pas. Au contraire, plus que quiconque, il la vénérait. Elle était son soleil, sa reine des Hautes Plaines Célestes. Il était si fier d’elle, si fier de ce qu’elle était devenue. Elle était certes tout le contraire de lui, ce qui aurait dû les éloigner à jamais, mais au contraire... cela les rapprochait. Si Tsukiyomi illuminait la nuit et l’obscurité, Amaterasu, elle, illuminait tout simplement son existence. Jamais son rayonnement lunaire ne fut aussi parfait que lorsqu’il marchait auprès d’elle. Jamais les saisons ne furent aussi magnifiques que lorsqu’il se trouvait auprès d’elle.
« C'est un malheur de ne pouvoir supporter le malheur. » Un jour, Amaterasu envoya son frère bien aimé en ambassadeur auprès de la déesse de la nourriture, Uke-mochi, pour participer à un merveilleux repas. Jamais il ne fut aussi fier de représenter sa sœur et c’est avec prestance qui se présenta honorablement devant la divinité de la nourriture. Toutefois, quand Tsukuyomi appris que la nourriture qui lui était servi provenait de la bouche, du nez et de l’anus de la déesse, il fut si dégouté qu’il la tua.
Le geste fut soudain. Irréfléchi.
Alors… Amaterasu se fâcha contre lui et déclara sèchement qu’elle ne voulait plus le revoir. Jamais. Tsukuyomi tenta de s’expliquer, mais la colère de sa sœur ne s’apaisa pas.
Elle devint le jour et lui, la nuit.
« Entre le chagrin et le néant, je choisis le chagrin. » Jamais il n’avait posé un geste qu’il regrettait plus que celui-ci.
Durant des années, Tsukuyomi chercha désespérément une raison qui expliquerait judicieusement ce qu’il avait fait… Après tout, il devait en avoir une, non ? Non… Il n’en avait pas. Il n’avait rien. Absolument rien. Finalement, le geste ne fut peut-être pas irréfléchi ?
Un jour, il pensa mentir pour gagner l’indulgence de sa sœur. Même si une partie de lui refusait de faire une telle chose, son absence lui était insupportable. Il avait besoin de sa présence, besoin de son rayonnement pour éclaircir sa propre lumière.
Confiant, Tsukuyomi se rendit aux portes du royaume d’Amaterasu. Lorsque cette dernière posa son regard sur lui, il comprit.
Il serait éternellement la nuit.
Tsukuyomi regarda les portes Célestes du royaume de sa sœur une dernière fois et, tout comme il l’avait fait lorsqu’il avait regarder le monde des humains, il afficha un petit sourire nostalgique avant de disparaître pour laisser le matin se lever.
« Nous sommes nés dans un royaume : obéir à la divinité, voilà la liberté. »Son corps –non- son être, celui qu’il était n’était plus. Il n’était plus qu’une pâle copie de ce qu’il fut jadis. Bien qu’accomplissant ses tâches honorablement, Tsukuyomi n’avait plus la même vision du monde. Il avait quitté le monde des mortels pour celui de sa sœur… Désormais, les deux mondes lui étaient interdits.
La solitude le gagna, l’astre lunaire le changea…
Puis, un jour, l'initiative jumelée de la divinité supérieure et de Thôt vinrent à ses oreilles. Une partie de lui voulait savoir, une partie de lui voulait connaître la vérité. Les connaître. Il les avait tant aimé autrefois. Un sentiment qu’il avait déjà chéri plus que tout et qu’il avait malheureusement oublié.
Pourtant, Tsukuyomi déclina l’offre de Thôt lorsqu’il apprit que Amaterasu y serait également.
« J’ai prêté serment devant la Lune. » déclara faiblement Tsukiyomi en espérant que cette réponse satisferait le dieu du Savoir.
« Drôle d’idole… Devant un astre aussi inconstant qu’elle. Ta fidélité est donc à son image ? Tes yeux te trahissent, il laisse transparaitre un cœur complètement impur… complètement dénué de passion... »La voix de Thôt était à la fois cinglante et véridique. Il avait raison, comme toujours.
Quelle divinité énervante… pensa Tsukiyomi.
« Le commencement d’une fin éternelle. »Cela fait maintenant quelques mois que Tsukiyomi est à Garden Hills et même si son astre lui manque terriblement, le soleil de la Terre lui réchauffe le cœur. Il n’est pas encore tout à fait alaise sans ses pouvoirs, mais il espère sincèrement que ce nouveau sacrifice lui sera favorable.