Doucement sans faire de bruit, tu le suis. Tu as deux mots d’ordre : silence et discrétion. Il ne faut surtout pas qu’il te remarque. Cachée derrière un arbre, tu l’observes du coin de l’œil. Il t’intrigue. Ça fait déjà plusieurs jours qu’il est le centre de tes préoccupations. Tu devrais peut-être aller lui parler… Mais tu veux être sure de toi, il ne faudrait pas tout gâcher.

Tu le dévisages encore une fois. Des cheveux bleus, des yeux de la même couleur, un visage plutôt harmonieux et rendu si énigmatique par sa mâchoire. Tu fixes cette espèce de masque si particulier, il ne peut pas être humain. À Garden Hills, tu as entendu des rumeurs sur la présence de « créatures » ou de « divinités », et là, tu es sure d’en avoir une juste sous ton nez. Cependant, il y a un truc qui ne colle pas. Depuis que tu l’observes, il n’a jamais utilisé aucune forme de magie ou autre… Dilemme. Car pour toi un dieu utilise forcement des pouvoirs, tous tes livres viennent confirmer cette idée. S'il n’utilise pas de magie, il est possible qu’il ne soit qu’un humain… Impossible, sa mâchoire semble tout droit sortie d’un autre monde.

Comment faire pour vérifier sa nature ? Tu ne peux ni lui demander directement ni continuer à l’observer éternellement. Apparement il n’a pas l’intention de se trahir. En soupirant, tu t’adosses à l’arbre pour regarder le ciel dégagé. Il te suffirait d’une preuve, une toute petite preuve… Depuis toutes ses années, tu attends cette opportunité pour éclairer les raisons de cet incendie qui a bouleversé ta vie. Et actuellement, tu as une divinité sous la main, mais non tu n’es pas fichue de trouver des indromations. Franchement, tu es désespérante. De toute façon, tu ne sais même pas comment l’aborder. Tu es réduite à le suivre comme un vulgaire stalker. Même si tu ferais n’importe quoi pour avoir tes précieuses réponse, jamais tu n’aurais pensé en arriver à ce point.

Tu t’avances un peu et tentes un coup d’œil pour vérifier qu’il est toujours là. Ça serait le comble de la perdre, mais tu n’as pas vu cette petite pierre. Cette petite pierre sur laquelle tu trébuches. La coquine. Tu te laisses tomber en essayant d’anticiper un peu ta réception, mais tu es trop maladroite pour tomber discrètement. BOUM, te voilà face contre terre. Ta chute ne fut aucunement gracieuse. Exaspérante. Tu soupires d’énervement avant de te retourner sur le dos pour regarder le ciel, en priant pour qu’il ne t’ait pas remarqué ou reconnu. C’est bien de rêver parfois.

Il fait beau, les oiseaux chantent, l’herbe est douce et tu as fait beaucoup de bruit.

Sous ce ciel bleu presque féerique, l’herbe fraiche dégage un agréable parfum. Finalement, tu es bien allongée comme ça. En repensant à ta chute, tu soupires d’énervement, tu es un vrai éléphant et ta maladresse est plus qu’exaspérante. Au moins une chose est sure, tu ne seras jamais espionne. Il y a un autre truc dont tu es persuadée, c’est que ta « cible » t’a repéré.D’un autre côté tu t’es plus que trahie, tu lui as donné un joli petit spectacle.

Le ciel s’obscurcit, un nuage ? Non, c’est une tête d’homme que tu reconnais tout de suite qui rentre dans ton champ de vision. Il te ferait presque peur vu de prés. Tu en profites pour le dévisager en portant une attention plus particulière à sa « mâchoire ». Il s’accroupit et tu es surprise de cette proximité, mais ça ne te gêne en aucun point. Vu de prés, tu peux remarquer quelques détails. Par contre, il a l’indélicatesse de te boucher tout ton champ de vision. Tu es dans une position de victime, de proie et tu détestes ça.

« J'espère que tu t'es fait mal en te rétamant. »

Tu ne peux t’empêcher d’esquisser un petit souris à ces paroles, pour ton plus grand bonheur cet homme est franc. Ne supportant pas l’hypocrisie, qu’il te demande comment tu allais t’aurait plus qu'énervé. Et puis il a entièrement raison d’être froid avec toi, tu l’as quand même suivi comme un sale stalker. Il est inutile de lui répondre, ta position et l’état de tes vêtements en disent suffisamment. Sans arrêter de le regarder dans les yeux, tu sens qu’une mèche de tes cheveux se retrouve à tournicoter dans sa main. A tes yeux, ce geste renforce sa position de force sur toi, tu ne supportes pas cette situation. Tu es piégée, il te tient en laisse.

« Et t'peux me dire pourquoi tu me colles au train quelques jours maintenant ? J'suis pas certain d'apprécier l'initiative et je te conseille d'arrêter fissa si tu veux que je reste 'gentil'. »

Il t’avait donc remarqué depuis longtemps, le métier d’espionne n’est vraiment pas fait pour toi. Ses menaces ne te font pas forcement peur, en l’observant, tu as remarqué qu’il n’est pas aussi « méchant » qu’il en a l’air. Mais ta conscience t’ordonne de calmer le jeu, finir en crêpe ne t’intéresse point.

« - Je m’excuse, mais pour être franche tu m’intrigues. Enfin ça m’intrigue. » Dis-tu d’une voix calme.

Pour illustrer tes paroles, tu fixes sa mâchoire du regard et donnes un petit coup de tête en avant. Comme à ton habitude, ton visage fermé ne traduit aucune de tes émotions. Tu espères sincèrement qu’il ne va pas s’énerver encore plus. Tu commences à avoir mal au dos et te sentir dominée te gonfle. Tu serais vingt fois mieux dans ton lit.