Rentrant de son jogging matinal, Leah s’allongea sur son lit et retira son sweat. Il faisait extraordinairement beau, elle avait donc pris beaucoup de plaisir à aller courir ce matin. Après avoir patienté quelques minutes, se rasseyant, la jeune fille attrapa son sac de cours pour en sortir son agenda. Des maths et de la philosophie. Jetant un bref coup d’œil à l’horloge de son ordinateur, allumé et posé sur son bureau ; 8h30, elle commença ses devoirs, assise en tailleur sur son lit.
Son crayon tournait agilement autour de son pouce et de son index. Elle passa une main dans ses cheveux, se mordilla la lèvre, claqua sa langue contre son palet, bien des choses pouvaient montrer qu'elle était agacée. Elle soupira désespérément, ses exercices de maths lui donnaient du fil à retordre. C’était bien connu, elle et les maths, c’était une grande histoire d’amour. Et là, en l’occurrence, elle n’y arrivait pas. Les fonctions « f » de machin et les probabilités. Ce ne sont que de simples révisions, mais elle n’avait toujours pas compris à quoi cela servait. Elle peut être très intelligente, mais quand elle ne comprend pas une chose, elle se bloque.

« Je suis nulle en maths, on peut rien y faire, se dit-elle désespérée »

Optant pour une solution radicale, elle laissa de côté ses cahiers de maths, se disant qu’elle finirait ses devoirs plus tard. Sa montre indiquait 11 h 30. Elle était restée bloquée dans sa chambre à travailler, elle avait envie de se rafraichir les idées. Se souvenant brusquement que son professeur de photographie, parce que oui elle suit des cours de photographie, avait demandé à ses élèves de s’entrainer avec leurs appareils photo. Elle sourit, ça au moins, elle prendrait plaisir à le faire. Leah se dirigea vers sa fenêtre et l’ouvrit pour aérer sa chambre ; puis elle se changea, elle n’allait tout de même pas rester en habit de sport toute la journée.
Désormais dehors, elle avait pris soin de ranger son appareil photo numérique, son portable, et son ordinateur dans un grand cabas. Réfléchissant d’où est-ce qu’elle pourrait bien prendre sa photo, elle opta pour la grande cour, il y avait moyen de faire un très beau panorama. D’en haut, la vue est magnifique.

Arrivée au troisième étage, il n’y avait presque personne. Alors qu’elle s’apprêtait à s’éloigner vers un des bords du toit, elle entendit quelqu’un râler. Se retournant, elle aperçut un jeune homme à l’exact opposé de sa position. Attendez, elle le connaissait, du moins de vue ; c’était un autre élève qui avait pris comme option : photographie, tout comme elle. Et il semblait avoir du mal à prendre une photo avec un appareil numérique flambant neuf. Celui-ci étant semblable au sien, elle décida d’aller aider ce jeune homme, un sourire amusé éclairant son visage.
Tout en se dirigeant vers lui, elle sortit son appareil numérique et l’alluma. Leah lui tapota l’épaule et lui proposa son aide, toujours aussi souriante.

« Si tu veux, je peux t’aider. J’ai un appareil photo semblable au tien, donc je pourrais te montrer comment faire pour l'utiliser ?, dit-elle en lui montrant son appareil. »

Elle prit un bref instant pour poser son sac contre la barrière ; puis finit par le regarder de nouveau.

« On fait tous deux partis d’un cours de photographie je crois et on s’est déjà croisé plusieurs fois. Mais je ne me rappelle pas avoir entendu ton nom… Ou alors j’ai peut-être oublié, ria-t-elle nerveusement, gênée. En tout cas, moi c’est Leah Garzea. Enchantée, termina-t-elle souriante ».

Le jeune homme mit un peu de temps à répondre, il la regardait. Une pensée lui traversa l’esprit. “Je parle trop. Si ça se trouve, je lui fais peur…”. Secouant discrètement la tête afin de chasser ses étranges suppositions, elle s’apprêtait à prévenir le garçon de sa fâcheuse manie à parler un peu, ou plutôt beaucoup… Mais, l’empêchant de le faire, il se présenta.

« Dorian, Dorian Mayne. Je suis en première année… »

En… Première année…? Elle prit le temps de le regarder. Il était brun et avait les yeux marrons. Puis après un petit temps de pause, elle constata que Dorian était plus grand qu’elle. Même de peu, elle était plus petite que lui. “Je suis une vraie naine, c’est pas possible, soupira-t-elle désespérée” Interrompant ses idées noires, un appareil photo apparut dans son champ de vision. Un sourire rééclaira son visage, elle attrapa l’objet, curieuse.

« Je viens juste de l’avoir, j’ai un peu de mal à m’en servir. Je m’en sortais mieux avec celui que j’avais avant… »

Elle haussa un sourcil à l’entente de cette phrase, un sourire amusé collé aux lèvres. Visiblement, avoir du mal à se servir de son appareil le gênait. Leah trouvait sa réaction quelque peu… Mignonne. C’était exactement le genre de réplique pouvant sortir de la bouche de son petit frère. Elle reporta son regard sur Dorian et souriante, lui posa une question pour en savoir plus sur le problème qu’il avait avec son petit appareil photo.

« Alors alors, qu’est-ce qui ne va pas avec ton appareil ?, lui demanda-t-elle.»

Elle commença à naviguer à travers les réglages de l’appareil en attendant une réponse. Après avoir jeté un bref coup d’œil, elle n’avait rien remarqué de spécial dans les principaux réglages. Mais avant de continuer à chercher un dysfonctionnement, une brève idée lui traversa l’esprit. Machinalement, elle en fit part à voix haute.

« Au fait, je te préviens, il m’arrive à certains moments de parler. Mais genre beaucoup. Alors si je commence à m’embarquer dans un long monologue, ‘faut me couper hein, termina-t-elle en riant. »

Puis, ayant toujours l’appareil de Dorian, elle se baissa et chercha le sien dans son sac. Elle avait décidé de comparer les paramètres des deux appareils, et ce dans l’espoir de voir si quelque chose clochait. Cela dura cinq bonnes minutes, celui-ci était introuvable.

« Ça m’apprendra à prendre un sac aussi grand, grogna-t-elle, agacée. »

Poussant ordinateur, portefeuille, pochette, portable et compagnie, elle finit par mettre la main sur l’objet qu’elle convoitait. Le sien était rose ; c’était un cadeau de sa mère. Leah y attachait énormément d’importance. Pour un objet aussi insignifiant, cela pouvait paraître ridicule, mais elle s’en fichait. La rose se releva brusquement et brandit l’objet, victorieuse ; manquant de le mettre dans la figure de Dorian. Tout en l’allumant, elle s’excusa brièvement.

« Désolée, je peux être vraiment maladroite parfois… déclara-t-elle, en se passant une main dans les cheveux, gênée. »